- VALEUR (économie)
- VALEUR (économie)VALEUR, économieDans la pratique économique courante, la valeur d’un bien s’estime par son prix sur le marché. La valeur d’un produit total (produit national) se définit en comptabilité nationale comme la somme non des prix, mais des valeurs ajoutées (notion permettant l’agrégation et comprenant le prix final, déduction faite du montant des consommations intermédiaires). On distingue en général l’estimation en quantités physiques et l’estimation en valeur, mais aussi celle-ci (à prix courants) et l’estimation en volume (à prix constants).En théorie économique, la valeur apparaît comme un concept central, au moins depuis qu’avec William Petty, à la fin du XVIIe siècle, on s’est interrogé sur le rapport assignable entre une unité monétaire, une journée de travail et un acre de terre. La nécessité de ce concept est multiple; il permet d’intégrer la monnaie dans l’étude économique, de penser les conditions de l’équilibre économique, de lier entre elles les différentes parties de la théorie (production, répartition, etc.), de définir enfin la nature et la grandeur d’un surplus.Même en se limitant à l’étude de la valeur d’échange, c’est-à-dire de la valeur attachée à la confrontation des produits sur un marché, les classiques, partis de la recherche d’un prix naturel (Smith) qui serve de norme de l’équilibre économique, font apparaître que la valeur ne peut être conçue sur le modèle du prix, et qu’en particulier sa recherche se distingue de celle d’une unité ou d’un étalon invariable (Ricardo). D’où la définition de la valeur par le coût de production, la quantité de travail réglant le rapport d’échange. Cette définition, qui paraissait à John Stuart Mill indépassable en 1848, ne donnait cependant de résultats généraux qu’au prix de certaines additions (lois «naturelles» de population, de la productivité décroissante de la terre, etc.). Aussi est-ce la possibilité pour le concept de valeur-travail de donner lieu à des «lois» économiques qui est l’enjeu de la divergence entre les deux branches opposées de l’héritage classique: le marginalisme et la théorie de la valeur-utilité d’une part, Marx et la tradition marxiste d’autre part.La révolution théorique des années 1870 — l’interprétation subjective de la rareté (degré final d’utilité) chez Jevons, Menger et Walras — a moins pour effet de rompre avec les classiques (pour qui déjà la rareté était le fondement de la valeur) que d’en proposer une formulation fonctionnelle propre au traitement mathématique: la valeur devient une grandeur à deux dimensions (utilité, quantité physique), au lieu d’une seule (quantité de travail). Cet avantage formel permet à la «théorie de la valeur» de se constituer, en intégrant ses principes et ses lois de variation (au lieu de les emprunter) grâce au principe marginal (usage du calcul différentiel) et en permettant de prendre pour variable indépendante les quantités physiques des produits. Progressant en autonomie et en raffinement, la théorie de la valeur se libère progressivement des hypothèses numériques sur les fonctions d’utilité (Pareto), du principe de l’utilité marginale décroissante (Slutsky, Allen et Hicks), des hypothèses de divisibilité parfaite (G. Debreu...). En 1947, von Neumann et Morgenstern axiomatisent la théorie de la valeur. Mais, parallèlement à ces améliorations, le concept de valeur change de portée: s’il donne bien des règles de construction pour les modèles économiques, c’est aux «lois» de l’offre et de la demande que l’on demande de traiter la question clé de l’équilibre.La branche marxiste de la postérité des classiques, au contraire, maintiendra la notion d’une «loi» de la valeur, déterminant les conditions de l’échange par celles de la production. Cette loi ne s’obtient cependant pas par simple référence aux quantités de travail, mais par l’ensemble des rapports internes d’un mode de production historique qui déterminent, entre autres, ces quantités elles-mêmes.Le débat entre ces deux orientations a été déclaré clos par la plupart des économistes néo-classiques libéraux (Samuelson...). Il renaît cependant chaque jour à propos des questions économiques les plus importantes (théories du profit, de la croissance, des phénomènes monétaires).
Encyclopédie Universelle. 2012.